
7 conseils pour en finir avec la pression scolaire
En ce moment, s'ouvre la 1ère période de l'année de remise des bulletins. Il y a les enfants qui rentrent chez eux avec le coeur en fête et les mains tenant un excellent bulletin trimestriel. Il y a ceux qui rentrent tête baissée, la main derrière le dos tenant un bulletin avec la mention "médiocre", "doit absolument se ressaisir"... voir même "avertissement de travail". Et au centre, il y a les moyens "peut mieux faire", "assez satisfaisant"...
Ces émotions se retrouvent également chez les parents : de la joie ressentie par certains, on passe à la déception des autres, voir à la déprime ! Eh oui, les résultats scolaires des enfants ont un impact sur le moral des parents et sur la vie de famille. Voilà de quoi mettre une bonne pression à nos chérubins... qui à la base vont à l'école pour apprendre de nouveaux savoirs, pour découvrir le monde et ses merveilles. Malheureusement, c'est plutôt le monde des notes et des appréciations qu'ils découvrent chaque jour, un monde enveloppé de pression.
Tout le monde (ou presque) est atteint par cette maladie
Et cette pression, cette quête du résultat, on la retrouve partout, chez les élèves des écoles publiques comme ceux des écoles privées et même des écoles musulmanes. Je suis bien placée pour le savoir, car depuis des années j'aide des élèves en difficulté scolaire. La scolarité de nos enfants n'est, donc, pas toujours épanouissante. Et nous parents, nous y sommes parfois pour quelque chose (pour ne pas dire pour beaucoup dans certains cas). La peur de l'échec plane sur les demeures et la recherche de l'exploit hante de plus en plus de parents. On voit davantage de parents qui souhaitent que leurs enfants apprennent à lire dès la maternelle, apprennent à compter très tôt... On parle de l'école à 2 ans et demi... Est-ce bon ou non pour nos enfants ? Qu'en disent les spécialistes de toutes ces formes de "pression" ?
Du réalisme pas de l'utopie
Vouloir que notre enfant réussisse, c'est louable en soi. Mais lui en demander trop, ça c'est plutôt dommageable. Dernièrement, une étude américaine a même révélé que :
- si on encourage notre enfant à aller de l'avant, à se dépasser, à viser plus haut, alors ses résultats auront tendance à augmenter ;
- mais si on réclame de lui qu'il obtienne un niveau irréaliste, alors il se sentira sous pression, et ses notes auront tendance à chuter. On obtient donc l'effet inverse de ce que l'on recherchait.
Toute la différence est là : encourager et non pousser à bout ! Les enfants à qui on met trop de pression développent une peur de l'échec, la peur de ne pas être à la hauteur des attentes de papa et maman.
Alors comment éviter de tomber dans ce vice de la pression ? Ce n'est pas évident de se dire, bon bah mon enfant aura les résultats qu'il aura, tant qu'il fait des efforts. Non, dans notre société difficile de parler ainsi. Et pourtant, le musulman devrait le faire avec son enfant. Alors comment réussir à se décharger soi-même de la pression pour en décharger ensuite nos enfants ? Voici quelques conseils incha Allah.
1- Un retour sur notre intention (niya) et nos objectifs
Asseyons-nous 2 secondes et posons-nous une question simple : quelle est mon intention profonde lorsque j'emmène mon enfant à l'école (ou lorsque je fais l'IEF) ? J'aimerais que mon enfant acquiert des savoirs qui lui seront profitables dans cette vie ET dans l'au-delà ? Ou j'aimerais seulement que mon enfant fasse partie des meilleurs de sa classe et qu'il ait un superbe métier, avec beaucoup d'argent pour vivre confortablement dans cette douniya ? Ou qu'il soit bon élève pour ne pas avoir honte devant les autres parents et devant la famille ?
2- Rappel : C'est Allah qui donne les capacités
Allah a accordé à chaque enfant ses capacités et on ne doit pas le surcharger, car Lui-même ne veut pas le surcharger. Il dit : "la youkallifou Allahou nafsan illa wous'aha" -> Allah ne fait supporter à aucune âme, une charge au dessus de ses capacités. Allah est Très Miséricordieux, Il prend en compte nos compétences, nos points forts et nos points faibles. Essayons d'en faire de même avec nos enfants. Soyons clément à leur égard.
3- Tout commence à la sortie de l'école
Souvent à la sortie des classes, lorsque les parents accueillent leurs enfants, un interrogatoire débute : ça va ? c'était bien l'école ? tu as eu combien à ton contrôle ? et ta copine, elle a eu combien ? et le voisin ?
Et les jours où il n'y avait pas d'évaluation, ça donne plutôt : ça va ? c'était bien l'école ? t'as beaucoup de devoirs pour demain ? En gros, le petit ou la petite viennent de passer des heures à travailler, et la première chose qu'on leur rappelle en quittant l'école, c'est qu'ils vont devoir travailler encore à la maison.
Ce sont des réflexes me direz-vous. Oui certes, mais de mauvais réflexes pour le bien-être de l'enfant. Souvenez-vous de votre enfance, quand la sonnerie retentissait, votre seule envie était de rentrer à la maison et de vous changer les idées, de faire autre chose, en commençant par un bon goûter. Et en voilà, un sujet de discussion à la sortie des classes, le bon goûter en guise de réconfort, bien au chaud à la maison, avec maman ou papa, les frères et soeurs... C'est seulement une fois que l'enfant a décompressé, que l'on peut aborder le sujet des devoirs, des notes... Là il sentira qu'on s'intéresse à lui (ce qui est important), et ne ressentira pas de pression.
4- Le moment des devoirs
Accompagnez vos enfants durant les devoirs, aidez-les autant que possible, soyez disponible. Je sais que ce n'est pas toujours évident, car il faut gérer le dîner, le bain du petit, le sport du plus grand... Mais essayez de trouver une organisation pour que votre enfant profite de votre présence pendant la phase devoirs. Relisez avec lui ses leçons, échangez sur le savoir qu'il a acquis. Évitez de faire les devoirs comme un robot, donnez du sens aux révisions, donnez du goût à ce moment de partage avec votre enfant autour de la science.
Par contre, si vous vous sentez dépassé par le niveau de votre enfant (ce qui arrive avec des collégiens), n'hésitez pas à faire appel à quelqu'un de plus compétent dans la matière (moi je donne des cours de maths si besoin lol). Demandez dans la famille, s'il y a des étudiants, chez les voisins. Procédez à un échange de compétences : l'aide aux devoirs, contre un cours de cuisine ou du bricolage le week-end 🙂 Ou sinon faites appel à une personne que vous rémunérerez à chaque cours particulier donné.
Dans certaines familles, le moment des devoirs rime avec cauchemar ! Avant même de commencer, l'enfant se crispe et le parent se projette déjà dans des scènes de disputes. Dans ce cas, mieux vaut faire appel à une tierce personne (même rémunérée), au moins pour un certain temps incha Allah. Ne mettez pas en péril la relation avec votre enfant pour des devoirs.
5- Invitez-le à invoquer Allah
Lorsque votre enfant a une évaluation, aidez-le à bien revoir sa leçon et invitez-le à faire des invocations pour qu'Allah lui facilite. Ceci l'apaisera et lui donnera plus confiance en ses capacités, car il se sentira épaulé par le Tout Puissant, Celui qui est capable de toute chose. Et vous aussi, vous vous sentirez plus apaisé, car vous vous souviendrez que le résultat incombe à Allah. Demandez seulement à votre enfant de faire des efforts, de donner son maximum... et le reste viendra d'Allah ta'ala.
6- Fixez des objectifs réalisables
Si votre enfant a l'habitude de frôler la moyenne, encouragez-le à viser un peu plus haut incha Allah. S'il se débrouille assez bien, encouragez-le à aller encore plus de l'avant, à se dépasser. Apprenez-lui que le musulman recherche al-ihsan, l'excellence en toute chose.
Ceci étant, inutile de dire à un enfant qui a de grandes difficultés : "J'espère que tu auras tout juste à ton interrogation de français, car on a tout révisé pendant 2 heures". Il va se sentir sous pression avant même d'avoir vu sa copie. Il risque très fort de perdre ses moyens et d'avoir une note catastrophique. De plus, ses difficultés scolaires peuvent être liées à un manque de concentration, à un souci de compréhension de l'énoncé, à un manque de confiance en soi... Dernièrement, j'ai aidé une jeune de 3ème a révisé son cours de maths pendant plusieurs heures. A son contrôle, elle a eu 2 ! J'étais choquée au fond de moi, je n'ai jamais eu une situation pareille. Je lui ai demandé ce qu'il s'était passé : elle m'a expliqué que pendant le contrôle, le prof n'arrêtait pas de parler et ça l'a complètement perturbée, elle ne savait plus comment résoudre les exercices. Soubhan Allah !
7- Pensez aux petites récompenses
Quoiqu'il en soit lorsque la note arrive, ne blâmez pas votre enfant si c'est en-dessous de vos espérances. Commencez pas dire "kheyr incha Allah", ou "la ilaha illa-Llah"... des formules qui vous apaiseront. Ensuite, regardez sa copie, relevez les points positifs "oh macha Allah, tu as bien répondu à cette question"... Puis, analysez avec lui ses erreurs. L'essentiel c'est qu'il comprenne ses fautes, comble ses lacunes et acquiert un savoir plus juste avec l'aide d'Allah. Pensez aux phrases encourageantes du type : "Tu as fait des efforts macha Allah. Incha Allah, la prochaine fois tu auras une meilleure appréciation". Dites à votre enfant que vous êtes fier de lui, et surtout que vous avez confiance en lui. S'il a réalisé un exploit, pensez à le récompenser (à sa juste valeur, ça reste une note !). Le cadeau ne doit pas forcément être matériel, ça peut-être une sortie ensemble ou lui préparer son dessert préféré. Miam !
Qu'Allah aide nos enfants à acquérir un savoir utile et qu'Il accompagne chaque parent dans l'éducation de ses enfants.
En espérant que ces conseils vous aideront incha Allah. N'hésitez pas si vous avez des questions, j'y répondrai avec grand plaisir.
Wa Allahou a'lam.
Et Allah est plus sachant.
11 Commentaires
Oum binti
Salamou’alaikoum,
Les mamans pressées ont tout juste eu le temps de lire le message, aujourd’hui j’ai gagné une minute pour écrire…. Cet article est riche en enseignements… pris par la course du quotidien on oublie de prendre du recul face à notre comportement et puis c’est triste mais souvent la plupart pense que être parent induit la toute vérité dans tout ce qu’ils font… et que comme les enfants sont des enfants c’est l’erreur continue…ce type d’article vient bousculer ces idées plus que reçues mais enracinées en nous 😉 je vous encourage à en écrire d’autres de la sorte… bonne continuation ! Qu’Allah vous protège.
Guide Atfal
Wa alayki salam
Amiiiine ajma’in
Barak Allah fiki ma soeur pour ton commentaire et pour avoir pris la minute pour le rédiger 😉
Qu’Allah nous permette de nous entraider dans le bien.
celine
As salam alaykoum
Merci tout d’abord pour tout ce temps que vous nous consacrez, toutes ces heures au service des autres ; qu’ALLAH vous récompense de la plus belle des manières.
Article très intéressant qui va m’aider à me corriger de suite!!! On en discutait encore tout à l’heure avec les enfants, je leur disais qu’ils avaient intérêt à être dans les premiers de la classe (récompensé bien-sûr!) mais j’avoue vu comme ça, ça met quand même la pression!!! Demain il y a une évaluation je vais essayer d’être + encourageante et moins exigeante.
Merci et ce n’est pas la 1ere fois que je me corrige suite à vos article, merci beaucoup.
Guide Atfal
Wa alayki salam ma soeur Céline,
Al-hamdoulillah que ces conseils ont pu t’aider. Effectivement, c’est assez stressant d’aller à l’école en se disant « j’ai intérêt à faire partie des meilleurs ». Si ça vient de l’enfant, ça va encore, mais s’il subit cette contrainte c’est autre chose. Moi j’ai une élève en 1ère, elle se met la pression toute seule. elle veut absolument être la meilleure. Alors quand on révise, elle se ressasse des phrases négatives : « je vais rater mon contrôle, c’est sûr… ». Je dois faire tout un travail avec elle pour qu’elle relâche cette pression qu’elle se met et qu’elle ait plus confiance en elle. Et pourtant, à la fin, elle est toujours la 1ère (en maths au moins), à sa plus grande surprise lol. A nous d’accompagner ces enfants vers un rapport avec le savoir plus épanouissant incha Allah.
Encore merci pour ton message, et n’oublie pas de nous dire si tes enfants ont eu une p’tite récompense pour leurs efforts incha Allah 😉
Oummaissane
Salamu’alaykum wa rahmatulahi.
BarakAllahufik pour cet article très bénéfique comme d’habitude.
Comme souvent, je me retrouve dans certaines descriptions. Je prends tout de suite de bonnes résolutions.
Mais souvent, comme c’est la course, on reprend les mauvaises habitudes.
Surtout que tous les soirs, elles ont que 45 min pour goûter, faire les devoirs et se préparer pour la mosquée.
HafidhakiLlah.
Guide Atfal
Wa alayki salam ma soeur
Barak Allah fiki pour ton message.
Waw 45 min c’est un timing hyper méga serré ! Macha Allah, elles vont à la mosquée tous les soirs ???
ummimarwani
As salamu 3alaykum
Ça m’a fait beaucoup réfléchir subhanallah
je me suis remise en question
Je vais mettre en pratique dès ce soir ces conseils
Baraka llahu fikum
Guide Atfal
Wa alayki salam ma soeur
Barak Allah fiki pour ton message.
Qu’Allah t’accompagne et te facilite l’éducation de tes enfants.
Qu’Allah couvre ton foyer de joie, de paix et de foi.
ummimarwani
As salamu 3alayki wa rahmatuLLAH Wa fiki baraka LLAHu. .. Amin J\’ai relu ton article et j\’en ai pleuré. .. Ma grande fille 7 ans est perfectionniste par ma faute car je veux plus et mieux à chaque foisQuand elle me ramène 8 sur 10 son père est super content mais c\’est vrai que moi je regarde ces 2 fautes et j\’evalue d\’abord les erreurs cad je regarde si ce sont des fautes sur la leçon ou si c\’est des fautes d\’orthographe qu\’elle ne connaît pas Si c\’est par rapport à l\’orthographe je lui ai dit c\’est rien qu\’elle a le droit à l\’erreur puisque ce n\’est pas dans la leçon par contre c\’est vrai que si c\’est des fautes sur la leçon je lui dis qu\’elle n\’a pas le droit à l\’erreur LA MAUVAISE MÈRE ((( Elle pleure à chaque révision en me disant qu\’elle ne va jamais réussir ça m\’attriste car je veux bien faire ça part d\’une bonne attention car j\’essaie de la pousser un maximum puisqu\’elle est très brillante mais c\’est vrai qu\’elle reste un enfant et que c\’est trop. .. Souvent mon mari me dit vous êtes encore dans les devoirs ((( stop arrête laisse les jouer car on a à faire les devoirs de français et d\’arabe le soir donc parfois à 18h on y est encore (((je vais changer de méthode je vais mettre moins de pression car c\’est épuisant pour soi et pour les enfants merci merci merci j\’ai mis ton article sur mon blog avec le lien bien sûr ummi marwani
ummimarwani
https://my.over-blog.com/write/80521945
Guide Atfal
Wa alayki salam
barak Allah fiki pour ton témoignage ma soeur. j’en suis sûre que de très nombreuses personnes vont se reconnaître dans tes mots. Dans le monde dans lequel on vit tout nous pousse à devenir des parents perfectionnistes… et quasiment toutes les familles connaissent cette pression scolaire. L’essentiel c’est d’en prendre conscience et de se « donner le courage » de vouloir faire différemment. Pour le bien des parents et surtout des petits zonfons ^^